Potion & Reine Mère

Je ressens encore les pulsations affolées, stressées de mon cœur qui martèlent ma poitrine et fusent jusqu'à mes tempes. Et puis, quand mes yeux se posent sur elle et qu'elle dérape, vacillante, prête à s'effondrer, mon palpitant rate un battement et mes jambes agissent d'elles même. Y a plus de terrain. Plus de match. Plus de public, plus de gradin. Je cours, ignorant le monde qui m’entoure et manquant moi aussi de me casser la figure à cause de mon élan. J'arrive à temps, dieu merci et le corps d'Alix s'affaisse dans mes bras. Je flanche cependant, cognant mon genoux contre le sol sous l'arrivée brutale de son poids (sinon j'aurais pas flanché heen.)

J'ignore les deux têtes qui se dressent pour m'aider. Je peux le faire tout seul. Alors je prends mes appuies et me relève. D'un mouvement de hanche, je cale le corps d'Alix de façon moins contraignante, plaçant un bras sous ses genoux, l'autre dans son dos. On m'intime gentiment de la porter à l'infirmerie ce à quoi je répond par un regard froid. Je sais ce que j'ai à faire. Mais, je redoutais depuis toujours ce moment. L'après match. Avec son lot de blessés. Je sais qu'Alix est une abonnée mais, aussi loin que remontent mes souvenirs, c'est la première fois que je la vois si exténuée (c'est p'être l'age heen... Oui.non.pardon.) Mes yeux se posent ensuite sur le visage de ma batteuse, perdant toute leur froideur pour s'assombrir sous l'inquiétude.

- « Alix ! Eh Alix, tu m'entends ? »

Pour toute réponse, je n'ai le droit qu'à des beuglements bizarres. Bon. Au moins, elle m'entend. Oui, sinon elle m'aurait rien... euh... beuglé ? Rassuré (mais pas trop) je tourne la tête à la recherche de l'issue la plus proche avant d'entamer le chemin jusqu'à l'infirmerie. On me suit, j'entends les pas des autres élèves prenant la même direction et je me demande vaguement s'ils viennent pour Alix ou pour eux-même. Qu'importe, je défend à quiconque de me proposer son aide. Je suis capable d’emmener ma meilleure amie jusqu'au premier étage. Dans une même foulée. Et de traverser le parc aussi... Cette situation me force à songer à faire plus de sport. Et je le ferai. Même si ça m'enchante pas vraiment.

Elle est dans un état de semi conscience. Sa tête ballote sur mon épaule, ses yeux à moitié fermés sont voilés. Elle marmonne également des paroles que je ne comprends pas. Elle doit délirer. C'est sûrement ça. J'accélère le pas, forçant sur mes jambes lors d'une montée plus que pénible et je remercie le ciel qu'Alix soit à demi éveillée pour ne pas entendre les quelques râles hyper glamour qui m'échappent de temps en temps. Je pénètre enfin dans le château, franchis les salles jusqu'à atteindre l’escalier. J'ai pas à me plaindre. L'infirmerie aurait pu se trouver beaucoup, beaucoup plus haut. Or là, il n'y a qu'un étage. Alléluia. Je m'arrête à la première marche, affrontant du regard cette petite ascension. A nouveau, je viens caler le corps d'Alix en forçant sur mes bras pour ne pas la lâcher.

Et c'est parti. Je grimpe. Et... en fait, j'arrive en haut assez rapidement. A bout de souffle certes, mais, victorieux. Je m'empresse alors d'entrer dans le couloir pour chercher la bonne porte. Je m'autorise une petite acclamation personnelle lorsque je la trouve sans trop d'effort. A lala... vous imaginez si c'était moi le malade, et Alix l'ambulancière ? Avec son sens inouïe de l'orientation je sais pas ce qu'on serait devenu... Un élève me passe sous le nez, me tirant de mes pensées et ouvre la porte. Hooo ! Bien joué ! J'aurai eu du mal sans lui. Alix n'est pas un paquet de courses qu'on pose par terre pour ouvrir une porte. Elle aurait plutôt été un bélier qui défonce tout... ok. Je m'emporte.

J'entre dans l'infirmerie, vise de suite un lit et m'y précipite pour y déposer Alix en douceur. Ho. Elle grogne. Mince. Je lui ai fais mal ? Dans le doute, je m'excuse bêtement lorsque mes yeux croisent ce... cet.... CET ANGLE BIZARRE QUI ME. QUI ME PREND AUX TRIPES. … C'est son bras CA ? J'écarquille les yeux et me retrouve poussé par un type brun en blouse blanche qui débarque comme une fleur. Je le vois s'approcher d'Alix, se pencher carrément au-dessus d'elle et réprime l'envie de lui taper dessus quand je réalise que c'est Absynthe. Je le laisse faire son boulot, m'écartant pour aller chercher une chaise que je trimbale à côté du lit d'Alix. Je m'assoie, la mine inquiète en lançant de temps à autre des regards louches sur l'infirmier. S'il lui fait mal, je lui brûle les cheveux.

- « NE M'OBLIGE PAS A CRIER, NE M'OBLIGE PAS A CRIEEER. »

Elle crie. Elle a mal. Ok. IL EST OU MON ZIPPO ? (Ah non, quel idiot, j'ai une baguette.) Mais, je bondis, atterrissant à côté d'elle, fronçant les sourcils et agressant l'infirmier du regard. MAIS IL VA ARRETER DE LA TRIPOTER OUI ? Aller, aller, et qu'il se ramène avec son calmant ! Ça me frustre de la voir souffrir et de ne rien pouvoir faire. Voilà pourquoi j'aime pas le Quidditch. J'aurai dû être infirmier moi aussi. J'aurai pu plotter n'importe qui avec une bonne excuse. Non sérieusement, au moins, je servirais à quelque chose. J'entends sa voix. Fatiguée. Une supplique qui me serre le cœur. Pour dire ça, elle doit vraiment être dans un état de flottement inter-spatial. Elle me cherche du regard et finis par trouver mes yeux. J'esquisse un vague sourire, heureux de voir qu'elle ne m'a pas oublié. Je viens écarter les quelques mèches qui lui barraient le front, avant de laisser mon pouce effleurer doucement sa peau.

- « Ça va aller Alix. » Je suis là. Et j'y resterais même toute la nuit s'il le faut. Je relève les yeux, m'adressant à l'infirmier. « Combien de temps vous comptez la garder ? » Histoire que je me prépare à installer une tente et un sac de couchage. Ah. Je suis bête. C'est bourré de lit vides par ici.

Potion